Le Ministre des finances bloque-t-il les actions du Président de la République ? Bloque-t-il les salaires des militaires et policiers pour les soulever contre le chef de l’Etat ? Refuse-t-il de payer les fonds de la Cour constitutionnelles ? Obstrue-t-il le nettoyage dans les exonérations ? Bloque-t-il le processus de relance de l’octroi des passeports ? Ou encore, a-t-il tripatouillé avec le projet de loi de reddition des comptes de l’exercice budgétaire 2019 ?
Ces questions et bien d’autres ont mis José Sele Yalaghuli sur la sellette tout au long de la semaine qui se termine et bien avant encore. Au point même de faire l’objet d’une fatwa décrétée contre lui par Augustin Kabuya, Secrétaire général de l’Udps-parti présidentiel. Mais aussi de subir les foudres de Marcelin Bilomba, conseiller principal du chef de l’Etat en matière des finances. Jeudi dernier sur Top Congo, l’homme aux 50 notes techniques hebdomadaires l’a même accusé d’avoir « pêché par un excédent de contrevérités ».
Vérités Vs contre-vérités, l’homme de tous les opprobres a eu l’opportunité, hier vendredi sur Top Congo, d’en donner sa part pour rétablir les faits après avoir essuyé une offensive bien typique de la confrontation politique FCC-CACH. Pendant plus d’une heure, face à quatre journalistes de première pointe, le jeune économiste égrène ses faits et brandit ses pièces au fil des questions.
Au bout du compte, on croit vivre deux Congo qui font valser la conscience des Congolais, mais ont fini par comprendre le fin mot de cet enjeu autour de l’information et de l’infox.
Tous les salaires ont déjà été libérés par le ministère des finances
Des salaires qui seraient bloqués, par exemple, José Sele assure que tout a déjà été payé, et les militaires ont même été les premiers à être servis, suivis des policiers. L’exercice, rappelle-t-il est de pratique depuis qu’il est aux commandes des finances où il a inversé les tours de paiement en privilégiant les hommes en uniforme.
Le Ministre des finances rappelle, cependant, que s’il a déjà libéré les titres de paiement qui sont logés à la banque centrale, leur exécution suit le rythme de mobilisation des recettes. Ceci conformément à l’engagement d’exécuter désormais les paiements sur base caisse, c’est-à-dire en fonction des disponibilités. « Toutes les dépenses contraignantes sont bel et bien rencontrées, même si ça se fait parfois avec un certain décalage », assure-t-il en effet.
Cette réponse vaut également pour le cas de la Cour des comptes dont les salaires sont déjà payés. La haute Cour peut, peut-être attendre les frais de fonctionnement et les autres frais opérationnels concernés par les mises à disposition des fonds, a également promis l’argentier national.
Quant à savoir si José Sele bloque les actions du chef de l’Etat, le concerné, sourire en coin mais avec une certaine amertume, s’en étonne avant de révéler qu’il en parle souvent avec le chef de l’Etat. « Pourquoi je bloquerai le Président et pour obtenir quoi ? » s’interroge-t-il avant de faire savoir : « Je n’ai pas reçu mandat de mon parti ni de ma plate-forme, le FCC, de bloquer le Président de la République. Je joue mon rôle constitutionnel ».
Loi de reddition des comptes : la leçon de José Sele à Marcel Bilomba
En actualité brûlante, José Sele Yalaghuli a été mis en avant-scène dans les réseaux sociaux sur l’affaire du projet de loi portant reddition dzes comptes de l’exercice budgétaire 2019. Là aussi, l’hompme se montre impassible. Il conduit d’abord ses détracteurs dans un exercice théorique sur une reddition des comptes qui est un exercice qui « vise, entre autres, à évaluer les dépenses afin de corriger éventuellement certaines choses avant l’adoption de la prochaine loi des finances. C’est un exercice de rétablissement des vérités, et il ne s’agit pas d’accuser les gens d’avoir fait des dépassements ».
Le Ministre des finances assure, par ailleurs, que le projet avait été déposé simultanément à la Cour des comptes, à la présidence de la République et partout ailleurs dans les services publics concernés le même jour, soit le 2 novembre et non le 12 novembre. Il a ensuite été déposé à l’Assemblée nationale le 11 novembre, soit plus d’une semaine après.
Et contrairement aux affirmations de Marcelin Bilomba, José Sele assure aussi que la Cour des comptes avait déjà fourni ses avis. Elle va aussi les verser à la commission de l’Assemblée nationale où elle procédera aussi à la certification. Pour ceux des services qui se plaignent de n’avoir pas donné leurs avis, comme la Présidence de la République, il leur rappelle qu’ils ont la possibilité de le faire en participant aux travaux de la commission ad hoc de la chambre basse.
Et pourquoi ce projet de loi n’a-t-il pas été soumis au conseil des Ministre ? Fort aise, l’argentier national fait savoir que celui-ci ne se tient plus depuis un mois, soit après le massage du chef de l’Etat. Celui-ci s’est, depuis, concentré sur ses consultations et n’a plus convoqué le Conseil des ministres depuis quatre semaines maintenant. Devant cette situation, le Ministre des finances s’est trouvé dans son devoir constitutionnel de rendre compte aux deux chambres du Parlement qui sont l’autorité budgétaire.
La pension allouée à l’ancien chef de l’Etat est de la compétence du budget et du Parlement
Autre point de friction, la pension jugée exorbitante de l’ancien Président de la République et qui aurait été à la base des scandaleux dépassements budgétaire de la Présidence, selon le Conseiller Bilomba. « Faux », rétorque Sele Yalaghuli. Il commence par dégager la responsabilité du Ministre des finances qu’il est dans la fixation de cette pension. Celle-ci relève de la compétence du ministère du Budget qui élabore celui-ci, et du Parlement qui vote la loi budgétaire.
Et José Sele ne l’a pas dit, mais on peut aussi ajouter la responsabilité du chef de l’Etat qui promulgue le budget avant sa mise en application. Il ajoute, cependant, que contrairement aux affirmations de Bilomba, la pension de l’ancien chef de l’Etat est imputée sur la ligne budgétaire du ministère du budget, au même titre que les anciens chefs de corps, et non sur le compte de la Présidence de la République.
Le dossier des passeports a été libéré depuis deux semaines, celui des exonérations illégales n’est pas encore arrivé aux fionances
Quoi d’autres ? L’affaire du passeport bien sûr ! Sur la question, José Sele esquisse un sourire amer avant de révéler qu’il a déjà libéré le dossier depuis plus de deux semaines. « Le document m’est parvenu un jeudi et je l’ai signé le lundi suivant », fait-il savoir. Non sans avoir déploré d’être accusé de bloquer le dossier 24 heures seulement après qu’il en avait été saisi officiellement par la Ministre d’Etat en charge des Affaires étrangères.
Et enfin, la mystérieuse affaire des exonérations illégales. Ici aussi, le Ministre des finances s’interroge sur la raison des accusations qui le ciblent puisqu’il n’a encore rien reçu de l’Inspection générale des finances conformément au principe du contradictoire. « Au moment où je vous parle entant que Ministre des finances, je n’ai jamais reçu le rapport de l’IGF sur les exonérations illégales. Comment vais-je alors annuler ces exonérations illégales ? », s’exclame-t-il. Il reconnaît que la question avait été posée par le chef de l’Etat au cours d’un Conseil des ministres, mais ajoute qu’il avait, à cette occasion, dit également n’avoir encore rien reçu pour faire quoi que ce soit.
« Ignorance et mauvaise foi » : la sentence pour Augustin Kabuya
Au terme de cet exercice des vérités, que reste-t-il de la flambée des accusations qui ont chauffé les médias et les réseaux sociaux ? Et comment expliquer toute cette agitation qui trouble la sérénité nationale ? A ces questions, José Sele Yalaghuli, qui aura ainsi eu le temps de dézinguer ses détracteurs, surtout Marcel Bilomba qui l’accusé de mentir, a trois réponses : « Ignorance et mauvaise foi » à l’intention de Augustin Kabuya ; le maître-mot pour une bonne gestion c’est la sérénité, et, enfin, la coalition devrait quitter le stade de la conquête du pouvoir pour travailler résolument à la satisfaction des attentes des Congolais.
Jonas Eugène Kota